J’ai commencé à plonger, dans ma tête, en regardant à la télé en Noir et Blanc "l’Odysée sous marine du Commandant Cousteau."
Nous étions assis par terre, avec mes frères et nous suivions les aléas de la Calypso, le navire mythique à tous les vieux plongeurs. Je vibrais en voyant les prouesses techniques et les découvertes de plongeurs aux bonnets rouges.
Puis j’ai lu "commander Crab", les premiers nageurs de combat militaires, qui allaient poser des mines sous les bateaux ennemis, en se faufilant sous l’eau, la nuit, dans les ports adverses. En utilisant les premiers recycleurs à purification du CO2... l’épopée des guerriers de la mer.
Un jour, le hasard me conduit à rencontrer le père d’une copine de classe. Celui-ci, d’origine sicilienne, armurier de métier, était président du premier club de plongée sous-marine de Villefranche. Son problème: il voulait devenir niveau 4, mais n’avait jamais fait d’étude : autres que celles du travail et du bon sens de la vie.
Alors, je lui ai appris les règles de 3, les calculs PV=constantes, de PV = NRT, je lui ai appris les lois de Dalton, de Raoult, la poussée d’Archimède. Je lui ai appris les tables de décompression, la vitesse de propagation du son dans l’eau… et tout ce qui lui a permis, en 1978, d’avoir son niveau 4.
Tout cela c’était théorique pour moi, alors pour me remercier, il m’a emmené faire mon baptême.
Nous sommes partis, dans sa DS Blanche, direction la piscine en pleine air de Belville sur Saône. Il y avait peu de piscines à l’époque.
Arrivés là, vers 20h30, on rejoignait les sapeurs pompiers, pour partager leur entraînement et leur matériel.
Il y avait très peu de bouteilles de plongée et de détendeurs en milieu civil.
Bien sûr, à l’époque, les Stabs, ça n’existait pas encore…
Les palmes, c’étaient des « cabalero » model militaire et pour les plus modernes, des « jetfin », à tuyères… Le must.
Les détendeurs, s’étaient des Mistrals, ou les premiers double étages de chez Spiro. Il faisait nuit.
J’étais tout fluet. Avec mon maillot de bain riquiqui et des palmes trop grandes au pied et un masque. Un spiro lui aussi grand comme un pare-brise.
"Allez, approche-toi du bord."
Là un costaud de pompier me pose sur le dos un BI-Bouteille avec des sangles et une ceinture à fermeture bizarre à l’avant. J’avais l’impression de peser 100 kg.
Tu prends le détendeur en bouche.
C’est bon : c’est ouvert….
T’es prêt.
Après une grande poussette dans le dos, me voilà tombant dans la piscine….
Le masque se barre, une palme se déchausse à moitié. Il y a de la mousse de partout.
Je coule jusqu’au fond. Je suis à plat ventre sur le carrelage. Et là, les yeux ouverts dans l’eau, je tente une inspiration.Et ça marche. Je respire, J’y suis, j’y reste. Cest génial.
Après cet épisode 40 ans se sont écoulés et je plonge encore. J'aime toujours autant !
Et je vous le concède, depuis de nombreuses années les baptêmes de plongée, sont beaucoup plus réglementés et bien mieux encadrés. Tant mieux !
Maintenant à nous de transmettre notre passion à nos petits et grands enfants ! La prochaine génération est là.
Témoignage de Serge Thivin, créateur de la marque Scaphander.